Le plus beau drapeau du monde
Mon cœur est trop attaché au drapeau du peuple Dzayri pour accepter de le
changer par un autre ; trop de vaillants martyrs sont morts pour lui… mais je ne vois pas de mal à ce que pour
chacune des régions du pays, on puisse un jour reconnaitre des étendards spécifiques,
comme on le fait pour les blasons dans les pays européens et comme on le faisait sous l'Emir Abdelkader, les soldats berbérophones des tribus Zawâwa arborant un drapeau jaune.
On nous propose, et peut-être voudrait-on nous imposer maintenant un
‘’drapeau berbère’’ dont l’image circule depuis quelques années surtout sur
internet sur les sites militant pour la reconnaissance de la ‘’langue’’ et de
l’identité berbère.
Il se trouve que le contenu de ce drapeau n’a rien qui puisse susciter une
quelconque animosité chez nos concitoyens, mise à part bien sûr la prétention
de certains de l’utiliser à la place du
drapeau national de thamûrth tha-Dzirith, le pays des Zirides[1] le
pays qu’on appelle en français l’Algérie et en arabe al-Jazâyir الجزائر.
Un drapeau n’est pas une œuvre de fantaisiste en mal de création. Fut-il
beau et estimé au point de vue de l’art.
Il n’est pas non plus un torchon (tcheliq) que l’on fait flotter au
vent, juste pour donner l’impression d’exister, d’être un état, une nation,
alors que la réalité est qu’il dissimule une lâche manipulation idéologique.
Un drapeau est un symbole qui témoigne d’une part, et qui engage de
l’autre. Il témoigne du passé. Il est là pour rappeler ce qu’on ne doit pas
oublier de transmettre à nos enfants. Il engage aussi, parce qu’on n’a pas le
droit de chercher à exalter ses prétentions plus haut qu’on ne le peut. Insérer
un symbole ou une formule supérieure d’ordre métaphysique ou religieux engage
gravement le peuple qui l’admet.
Par exemple, insérer la mention ‘’Allah Akbar’’ ou ‘’Lâ ilâha illâ Allah’’
peut être offensant envers Dieu subhânahu quand le peuple qui se réclame
d’un tel drapeau se comporte de façon
tout à fait éloignée de ce qu’exige et implique le contenu de cette formule.
Cela peut causer le courroux divin, que Dieu nous en garde.
De même insérer la lettre Z du tifinagh est du même ordre. Ceux qui ont osé
le faire ont joué avec la sacralité de cette lettre lorsqu’on l’envisage dans
l’optique de la science des lettres. La présence de cette lettre ne m’incommode
pas en tant que telle, mais seulement quant à l’intention de ceux qui l’ont
inséré dans le soi-disant ‘’drapeau berbère’’, ignorant ce qu’elle implique de
notre part. La lettre Z du tifinagh[2]
qui est une forme originelle du Z latin, et du Zây arabe, est comme l’indique
son nom une lettre qui nous vient directement des phéniciens par le canal des
Carthaginois, et qui témoigne de ce que les berbères ont été les premiers à
avoir adopté cet alphabet avant qu’il devienne l’alphabet universel.
Un drapeau est donc soit un travail d’héraldiste avisé, pénétré par l’âme
du peuple qui veut se confectionner un étendard ou un blason résumant ses
valeurs sacrées, ou résulter d’une
inspiration opportune, comme ce fut le cas de notre drapeau inspiré à un groupe
de fils de notre pays, pétris par l’aspiration profonde de notre peuple, qui
l’ont conçu comme le symbole de leur résolution de mettre un terme à la nuit
coloniale et à lui rendre sa liberté par le sacrifice de leurs personnes. On ne
peut pas se confectionner son drapeau en demandant l’aide d’un pays étranger,
comme on le fait pour la réalisation des projets technique set industriels par
exemple.
Le drapeau sacré de l’Algérie :
Ce serait une trahison envers nos martyrs, envers Amirouche et ses hommes,
envers les veuves de guerre algériennes en général et kabyles, les enfants des
martyrs kabyles, et du peuple de la région de Kabylie en particulier. Ce serait
une trahison, dis-je, envers notre souffrance, envers le symbole de l’unité
retrouvée de notre pays que de vouloir le changer ou le subordonner à un autre
drapeau. Ce drapeau de l’Algérie, des hommes sont tombés par centaines de
milliers en le tenant dans leurs bras pour lui éviter d’être souillé par
l’ennemi… Ce drapeau témoignera à jamais de la détresse et de la répression qu’ont
endurées nos pères et nos mères. Comment
peut-on lui substituer ou lui préférer un autre ?
En tant qu’algérien, mais aussi en tant que kabyle, je m’opposerai de
toutes mes forces à quiconque voudrait nier la puissance symbolique de ce
drapeau, et ne s’inclinerait pas devant lui en tant que symbole de nos
souffrances et de notre liberté si chèrement acquise.
Ce drapeau n’a pas été conçu par un artiste désœuvré en exécution d’une
commande banale. Il porte nos couleurs… les couleurs qui ont fait vibrer des
millions de cœurs d’algériens… quelle lâcheté irréparable ce serait de le
lâcher !! Ses couleurs sont celles de l’héroïsme et de l’abnégation :
le vert, couleur de l’islam, le blanc, la pureté du cœur et le sens du
sacrifice, et le rouge le sang de nos martyrs. Le croissant, symbole de la
‘’lumière pure que ne touche pas le feu’’, est le symbole de Dieu, car les
lettres qui forment le mot hilâl sont aussi celles du nom Allâh.
Enfin, l’étoile à cinq branches symbolise les 5 piliers de l’islam protégés par
le croissant.
Ce drapeau a réuni le peuple algérien du nord jusqu’au sud de Tamanrasset,
et de Tlemcen jusqu’à Thavest (Tébessa). Tout algérien doit s’en
convaincre : C’est le plus beau drapeau du monde.
C’est pourquoi je dis et rappelle, en dépit des illusions et des ambitions
entretenues par certains, qu’un kabyle est d’abord un musulman et un algérien.
Une fois ce principe affirmé, je pense qu’il n’y a aucun mal à laisser
s’épancher ses sentiments pour sa région natale, ni même à ce que chaque région
algérienne possède son drapeau secondaire propre.
Le drapeau de l’ « amazighité » ?
Le soi-disant drapeau ‘’berbère’’ confirme, sans doute, même à l’insu de
ceux qui le conçurent, le lien qui unit génétiquement le peuple berbère à la
tradition spirituelle universelle, en l’occurrence celle de l’islam éternel
(celui d’Abraham), celui pour qui périrent les Troyens, les Carthaginois, et
plus récemment les combattants d’Amirouche et de Si Haouès, ceux de Ben Boulaid,
de Ben M’hidi et d’autres martyrs et combattants de la guerre de libération
nationale. C’est que les symboles viennent raviver des souvenirs inscrits
éternellement dans les inconscients collectifs et qui émergent dès que les
conditions historiques le permettent à nouveau. Ils reviennent comme par une
opération immanente que les esprits particuliers ne peuvent pas toujours
percevoir ou connaître pour en parler, mais comme une fatalité de l’histoire
qui est un éternel recommencement. Avec la révolution de notre peuple, et la
liberté qu’il a arrachée au prix du sang de nos martyrs, c’est toute une
mémoire trans-historique qui émerge après des siècles d’éclipse, pour imposer la
réflexion et la méditation. Il renoue avec la dernière tranche de son histoire
ancienne, avec les derniers instants où la fatalité historique l’en a retranché
pour des siècles. Il se prépare à retourner sur la scène de l’histoire pour y
jouer son rôle, celui que lui ont légué ses ancêtres. Quand un peuple retourne
dans l’histoire, il le fait avec toute l’énergie de tous ses ancêtres, à
travers les couches historiques, bien plus loin que le moudjahid Koceyla et ses
compagnons. Ceux-là furent les témoins de la lucidité berbère, au moment où
l’humanité recevait l’héritage prophétique de l’islam, de ce Prophète final que
l’on attendait depuis des siècles. Les Berbères étaient là pour lui ouvrir
leurs cœurs, et l’y accueillir, pour adhérer à son message, parce que cette
adhésion était le critère de l’intelligence : celui qui refusait le
message divin qu’on lui apportait signifiait son désir de rester dans la
privation de la lumière. Notre peuple a beaucoup de choses à rattraper pour
être prêt à accomplir la mission que Dieu lui a réservée.
Il a été préparé par l’Histoire à jouer un rôle fondamental : des
siècles durant, il a été le creuset où se sont fondus non seulement les
peuples, mais les civilisations qui comptent, celles qui par leur grandeur,
leurs héritages continuent d’inspirer notre monde. Les Grecs, les Romains, les
Carthaginois, les Berbères toujours réceptifs. Nous avons été en contact tout
au long de notre histoire avec les influences médiques, phéniciennes, romaines
et arabes. Nous avons été chrétiens quand il fallait être chrétien, et nous
nous sommes pressés de rejoindre les premiers combattants de l’islam pour être
à leurs côtés, dès que se leva le soleil muhammadien.
Abû al-‘Atâhiya
[1] Il existe encore des familles portant le nom de Ait-Ziri. Les Zirides sont
une dynastie de la grande tribu qui a donné son nom générique aux berbérophones d'aujourd’hui, les Imazighan, en arabe les Banû Mazghana, بنو
مزغنه .
0 Comments:
Post a Comment
<< Home