De la désertion comme solution illusoire
Dès le lendemain de
l’indépendance, l’Algérie a renoué avec ses problèmes d’avant l’occupation française.
La parenthèse coloniale refermée, la voici assaillie par des dossiers demeurés
non-régularisés depuis des générations ; il y en avait qui trainaient
depuis l’ingérence ottomane, quoique salutaire à bien des égards.
Nous nous sommes réveillés sur la
même scène que celle que nous avions laissée au moment de notre assoupissement,
rattrapés par nos négligences passées.
Nous n’étions pas préparés pour
affronter ce retour des choses, bien que le colonialisme fût pour nous une
occasion durable de tirer des leçons de notre triste sort.
Nous avons eu la naïveté de penser
bénéficier d’un traitement de faveur de la Providence qui nous accorderait de
recouvrer notre grandeur, sans un effort de notre part.
Nous avons conservé nos tares et
les avons même aggravées parfois, sans cependant cesser de rêver de rendre un
jour à notre peuple sa puissance. Mais l’inaction nous caractérisait et ce rêve
ne pouvait demeurer qu’un fantasme, une illusion. Nous nous bercions aux
plaisirs que cette grandeur virtuelle allait nous procurer, au lieu d’œuvrer à
réunir les moyens de l’atteindre. D’autant plus que les autres peuples ne cessaient
d’aller de l’avant, élargissant davantage l’écart qui nous sépare d’eux.
Le musulman a un problème avec sa
personne. Ses ressorts psychologiques sont usés, le privant de tonus et de son
dynamisme. Il n’est plus capable d’autocritique, et n’envisage qu’avec
scepticisme la possibilité de reprendre en main sa destinée. C’est un homme qui
éprouve de la difficulté à faire son introspection. Désorienté depuis des
décennies, il n’a plus la recette de l’efficacité. Il ne sait pas mener une
action selon un plan défini. Il s’arrête à mi-chemin, hésitant à poursuivre la
tâche ou à tenter autre chose. Frappé d’apathie, il est un homme cloué dans un
temps irréel, entretenant le désir stérile et vain du décadent meurtri par des
décennies de terreur coloniale et tétanisé par les coups foudroyants de la
lutte idéologique dont ne le protège pas ses gouvernants, eux-mêmes devenus les
instruments dociles des puissances dominantes.
Chaque fois qu’il fait un pas
vers son réveil, une manœuvre déclenchée par une force immanente invisible vient
le remettre à sa place.
Cette image négative pourrait
cependant être changée en une autre de loin plus brillante, par la moindre étincelle
qui viendrait soudainement dégripper son moteur et rallumer la flamme de la
foi. Nous ne sommes jamais loin du succès. Tout dépend de nos actes.
Il n’est pas facile pour un homme
comme pour un peuple, de tourner les pages de son histoire, sans en avoir apuré
au préalable la liste de ses contentieux. Le musulman traîne trop de
casseroles, trop de vieilleries inutiles qui entravent sa marche. Il ne pourra
reprendre son chemin dans la civilisation que s’il prend la résolution de
trancher au sabre les liens qui le retiennent. Ses problèmes lui collent à l’âme
et ne peuvent se résoudre ni par l’oubli, ni par la désertion.
Cela demande une révolution dans
les esprits et dans les comportements, d’apprendre à regarder lucidement son
passé afin d’en dégager toute la matière oxydante, obsolète, devenue un
parasite au rôle pernicieux dans nos rapports avec notre héritage.
Il arrive souvent qu’un simple regard
sincère porté sur soi produise un effet d’un traitement de choc, éclairant
notre regard, nous aidant à identifier la cause du mal qui nous ronge et nous
remettant d’aplomb.
Les algériens se retrouvent, en
1962, dans l’obligation de faire face à leur destin… sans l’interférence ou le
prétexte du colonialisme. Mais le spectacle de leur passé leur fait horreur,
ils s’empressent de lui tourner le dos, par trop de laideur. Ce passé proche
s’appelle colonisabilité. C’est une condition qu’on aimerait oublier, mais on
ne s’en débarrasse pas en l’ignorant ou en la voilant. Bien au contraire.
L’examiner est un préalable auquel ils devraient satisfaire pour retrouver les
clefs de leur bonheur.
Ce qui aggravait les choses est
que le colonialisme ne s’est pas contenté de remettre les clefs et de partir en
présentant ses excuses. Vindicatif, il avait posé pas mal de mines à
déclenchement retardé, et d’autres qui allaient nous exploser à la figure
aussitôt le dernier bateau colonial disparu à l’horizon.
A peine les colons évaporés, la
colonisabilité nous révéla ses traits les dégoûtants ; la vague de notre
passé nous submergea, comme poussée par les moteurs des bateaux coloniaux. Chacun
se frotta les mains en voyant la grosse baraka qui s’offrait à son regard. Tout
ça pour nous ! Les uns visèrent des appartements, d’autres des villas, et
d’autres plus ambitieux la source même de la richesse : le trésor public
qui ne se peut contrôler que par le pouvoir aussi absolu que possible.
Plus près tu seras du pouvoir
mieux tu assureras tes jours et ceux de tes proches et amis !
Comme dans un film de science
fiction, la mentalité algérienne précoloniale resurgissait et s’étalait sans voile
devant nous. Ainsi donc, ce fut dans cet état que les Français trouvèrent nos
ancêtres en débarquant sur nos plages, en 1830 !
Si nous avions eu le courage de
nous regarder ainsi, nous aurions eu la force de barrer la route du pouvoir à
nos décadents en chefs.
L’individualisme, ou plutôt le
clanisme, refit son apparition comme le simple déclic d’une pulsion qui nous
gouvernait déjà et que le colonialisme avait refrénée, parce qu’il ne tolérait
pas le partage avec ‘’les indigènes’’. Ereinté par des années de résistance, le
peuple algérien n’avait pas l’énergie pour repousser un ultime danger.
La liesse dans l’unité du peuple
dura peu, après l’indépendance.
Quelques brefs hommages rendus
aux martyrs, et on passa vite aux choses sérieuses. On remercia les derniers
combattants de l’intérieur, en leur attribuant des licences de taxis et des débits
de boissons alcoolisées. Sans doute afin de les initier à la laïcité !
Car les plans de notre ruine
allaient se déclencher impitoyablement pour nous maintenir dans notre torpeur.
‘’Nous allons vous faire
regretter votre désir d’indépendance !’’
Toutes les solutions que nous
avions imaginées ou que l’on a imaginées pour nous, aux fins de faire ‘’entrer
de plain-pied l’Algérie dans le cercle des pays développés à l’horizon 1980’’ ne furent que des pièges à andouilles.
Quand nous nous fîmes socialistes,
et que notre pays est devenu ‘’démocratique et populaire’’, nous avons cru nous
accorder avec l’air du temps, et pensions avoir assigné à notre destin une nouvelle
direction. ‘’Le socialisme, option irréversible, lâ raj’ata fiha, disait
Boumediene.’’
Nous croyions avoir défini la
voie d’un redressement salutaire de la situation et commencé à apporter les
solutions. Nous ne voyions pas que nous nous gargarisions de mots, car ceux qui
tenaient les discours officiels et les rênes de la décision ne tenaient à rien
d’autre qu’au pouvoir et s’employaient à en arracher la réalité des mains du
peuple qui devait se contenter de vivre… de promesses.
Nous ne nous doutions pas alors
que nous ne faisions qu’ajouter un énième zigzag à la longue voie tordue dans
laquelle nous nous étions engagés depuis notre décadence. Nous allions alourdir
notre dossier au point que la tentation se fit jour de nous en débarrasser en
le jetant à la mer, en lui tournant le dos, en désertant la place, en renonçant
à notre passé devenu trop lourd à porter. Comme un homme qui croit résoudre ses
problèmes en allant vivre ailleurs… et qui s’aperçoit qu’ils l’ont accompagné
comme son ombre.
Les algériens qui s’en
souviennent savent très bien en quoi consistait le socialisme à la Boumediene :
favoriser l’étranger sur le national dans tous les domaines. On distribuait la
presse française en Algérie (libé, le monde, l’express, etc.) mais un algérien
n’avait pas le droit de posséder un journal au motif que ce serait favorable à
la bourgeoisie. Le capitaliste français avait le droit de faire des affaires
chez nous, mais pas le national.
On visionnait à Alger tous les
films projetés à Paris, la semaine même de leur sortie dans la capitale
française. Cela ne se faisait pas gratuitement. Mais un algérien n’avait pas le
droit de créer une société de production cinématographique. Ce serait favoriser
l’apparition d’une bourgeoisie nationale. Oui au bourgeois étranger, non au
pauvre algérien !
On a nationalisé les derniers
distributeurs de lait produit en Algérie, car ils menaçaient le socialisme. On
décida de créer un organisme national où les colonels et leurs amis avaient plus
de latitude de se servir des commissions, et depuis ce jour-là, on nous sert du
lait produit au port dans des sachets sales et dégoulinants. Depuis ce jour-là,
nous ne savons plus traiter le lait. Notre savoir-faire a été réduit à celui de consommateur forcé
d’un produit malsain importé par des loups pour qui seul compte le montant de la
commission perçue.
La radio algérienne diffusait les
derniers succès de la chanson française. Les jeunes que nous étions, ne
comprenions pas à quoi pouvait bien rimer ce socialisme. Si au moins en
socialistes conséquents, nous imitions ce qui se faisait à Moscou. Les PDG
russes ne recevaient pas la presse capitaliste sur leur bureau. Et la musique
bourgeoise était interdite, etc.
La chaine en langue française
émettait toute la journée, mais on cherchait à réduire au minimum les émissions
en kabyle ou autres dialectes berbères qui sont pourtant des dialectes
nationaux pour lesquels sont tombés tant de martyrs, d’autant plus que les
populations qui pratiquent ces dialectes ne savaient ni l’arabe ni le français.
Pour briller, Boumediene avait
fait donner l’ordre à la presse nationale de ne pas faire état des réalisations
libyennes. Il ne tolérait pas que la moindre sympathie du peuple algérien aille
au peuple voisin. Par contre il ne cessait pas de sillonner le pays pour
inaugurer un morceau de route goudronnée après des années de travaux, que la
presse présentait comme un exploit.
Il ne se gênait pas pour mettre
des bâtons même dans les roues de ce pauvre Arafat qui avait lui le génie
d’exister, alors qu’il n’avait ni pays ni ressource et que le monde entier ne
cherchait qu’à lui obstruer la voie. Boumediene lui tenait la dragée haute, et
ne lui accordait une aide parcimonieuse qu’en l’humiliant. Le regretté Cheikh
Zayd ibn Soltân âl-Nahyân, fondateur des Emirats Arabes Unis, qui le fréquenta
quelque temps, exprima un jour sa déception de le voir se comporter ainsi.
Rappelons-nous avec quel mépris, Boumediene traita Mokhtar Ould Dada, qui fut
pourtant son ami de plusieurs années. Mokhtar, le président mauritanien,
aujourd’hui décédé, se montra plus avisé en lui rétorquant : n’insultez
pas l’avenir !
Et on n’oubliera jamais la honte
qu’il nous fit le jour où il chassa sans ménagement ni dédommagement les frères
marocains qui se trouvaient sur notre territoire depuis des années, croyant
prendre sa revanche sur Hassan II. Le peuple algérien a témoigné cette fois de sa réprobation.
Etai-ce une façon d’accélérer la construction du Grand Maghreb ?
Cet homme a fondé la politique
algérienne sur la jalousie et la cupidité, la négation du mérite des autres et
le mauvais voisinage.
La façon éhontée dont il traita
la mémoire des héros nationaux, les colonels Amirouche et Si Haouès, dont on
venait de repérer les sépultures, suffit pour achever la peinture désolante de
ce personnage.
Bref, multipliez ces exemples à
tous les secteurs et vous comprendrez pourquoi nous sommes devenus incapables
de faire quoi que ce soit, par l’habitude de tout faire faire par les étrangers,
de menacer les faibles et de nous courber devant les puissants. Un ami japonais,
devenu éminent orientaliste, qui se trouvait dans sa jeunesse à Skikda dans les
années 70, en tant que traducteur arabe-japonais, m’a confié qu’il avait été
ahuri par l’incapacité des algériens à les approvisionner même en piles
électriques pour les torches, ce qui contraignait l’entreprise nippone qui s’occupait du chantier du
complexe pétrochimique à tout faire venir du Japon, en le facturant au prix
fort bien entendu. Quand les travaux furent achevés, les japonais furent priés
de rester sur place car pendant toute la durée des travaux, on n’avait pas
préparé le personnel national à prendre en charge ‘’l’usine livrée clés en
mains’’. Résultat : on avait créé chez nous, du travail chèrement payé, pour
des japonais et pour plusieurs années...
L’Algérie était un immense chantier
pour le capitalisme mondial qui nous bernait en nous proposant de construire
sur notre territoire des prototypes, afin de tester ses innovations à nos frais
et de les vendre encore plus chers une fois la phase d’expérimentation achevée
chez nous.
Pendant ce temps, Boumediene naïf
ou abruti, se préparait à entrer dans le cercle des grands, en s’essayant au
cigare, après avoir enfin compris que la ‘’chemma’’ n’était pas très classe
pour un ‘’grand dirigeant’’ du tiers mythe.
Le monde progressiste qui s’apitoyait
tant sur notre sort nous proposa généreusement ses recettes. Rejetez l’islam,
c’est lui qui est la cause de votre arriération ! Faites-vous communistes,
disaient les uns ; redevenez chrétiens, clamaient d’autres, libérez-vous
de la religion qui n’est que l’opium du peuple. Faites la révolution agraire !
En un mot, brisez ce qui reste encore debout !
Des slogans, des mots, qui
n’étaient pas innocents. On occupait le terrain pour empêcher que soit entendue
la voix du peuple qui ne voulait qu’une seule chose : qu’on le laissât
travailler selon le bon sens, loin de tout parasitage par une idéologie
d’importation.
La meilleure façon de rendre
inaudible la voix du peuple, était de démultiplier les voix minoritaires
étrangères de préférences, au moyen des media contrôlés par le pouvoir acquis à
toutes les causes sauf à celle de servir dans l’honnêteté notre pauvre pays que
ces loups tentaient de déchiqueter de toute part.
Rien ne préparait nos ‘’dirigeants’’
à diriger, excepté une ambition éhontée, démesurée et meurtrière, et une
convoitise sans limite de s’emparer de nos richesses.
Après 60 ans d’indépendance, nous
en sommes au même point : toujours incapables de nous situer, de concevoir
une politique digne de ce nom, toujours à tourner autour du pot de miel dont Boumediene
disait qu’il est impossible à celui dont c’est le métier d’en produire, de ne
pas céder à la tentation d’en goûter, pour adresser un message allusif à ces adversaires
politiques mus par les mêmes motivations que lui. ‘’Ralliez-vous à moi, je vous
en ferais goûter !’’
Les épreuves n’ont cependant pas
anéanti le noyau vital de notre peuple. Il a toujours existé des hommes et des
femmes dans les cœurs desquels se réfugie l’âme de notre peuple et qui attend
le moment voulu par Dieu pour sa manifestation. De temps en temps, ils envoient
comme des fulgurances pour entretenir l’espérance dans le peuple, et repousser
le désespoir.
Ces hommes, simples croyants, ne
se sont pas laissé désarçonner par les discours fleuves de nos pseudo-idéologues.
S’accrochant à leur foi, ils n’ont jamais perdu le sens profond de la vie qui
consiste à se préparer à la grandeur réelle qui est celle de la vraie vie dans
l’honneur. Ce monde n’a rien d’autre à offrir que des examens et des épreuves,
c’est un champ d’expérimentation pour la mise en évidence de la valeur de
chacun. L’islam ne meurt jamais, il se réfugie dans les cœurs des croyants. Il
suffit de peu pour que notre peuple se remobilise ; il suffit de la
sincérité. Mais c’est ce qui manque le plus à nos dirigeants.
Notre peuple se contraignait à la
résistance passive, en attendant que passe la tempête.
L’opposition au régime actuel n’a
existé qu’en tant qu’elle a été voulue et créée par le régime lui-même.
Tu peux me critiquer, à condition
que tu viennes manger à mon auge !
Ce régime joue le rôle de la
force négative, ce qui le disqualifie de toute prétention à ‘’défendre l’islam’’.
Ces méchants gouvernent sans
discontinuité, pendant des décennies parfois, mais leurs actes ne viennent
jamais à nuire à la vérité, même si leurs victimes gémissent et s’impatientent
de voir la promesse divine se manifester.
Il a cependant existé une
opposition passive, la manifestation d’un certain désintérêt, d’une
désapprobation de ce qui se fait. Le pays a produit il faut le reconnaître une
élite capable de dire avec précision, si on la sollicitait, les mécanismes en
vertu desquels il redeviendrait capable de décoller.
Mais cette opposition réelle n’a pas
encore trouvé le moyen d’arracher le pouvoir au clan qui bloque sans pitié la
moindre velléité de sortir le pays du cercle vicieux.
L’opposition passive se manifeste
parfois à des niveaux régionaux, sans être pour autant régionalistes, sous
forme de doléances portant sur des sujets divers, les uns demandant à partager
des revenus du pétrole produit dans leur région, d’autres réclamant la
reconnaissance de leur langue maternelle, etc., des sujets faciles à satisfaire
parfois et à réprimer aussi. Mais notre peuple est par nature unioniste, et
même pro-maghrébin. Il rejette le régionalisme, ce mal dans lequel tombe tout
peuple lorsque vient à faiblir la tension sociale, et qui se guérit au moment
glorieux des retrouvailles quand le peuple est galvanisé par l’enthousiasme de
la haute ambition.
L’opposition allait au combat en
rangs dispersés, chacun visant le pouvoir pour son clan. Il était facile de
prévoir son échec.
La plus gros groupe de cette
opposition fut celui qui réclama que s’appliquât la charia. Il a failli ébranler
le régime, mais ce dernier sut encore trouver dans l’armée, des hommes fidèles capables
de cruauté pour défendre coûte que coûte sa part du gâteau.
Ces militants de la charia
avaient le défaut (quand on perd, c’est toujours à cause d’un défaut) de rêver
debout. Ils n’étaient pas préparés idéologiquement et n’avaient pas une vue
systématique de leur programme. Ils auraient du comprendre par exemple que l’on
doit combattre pour tout le pays, pas uniquement pour la revendication
particulière de son parti. La politique consiste à proposer des solutions à
toutes les composantes de la société.
Il y a les berbéristes partagés
entre la tentation de rallier le régime qui ne négligerait pas leur soutien en
appoint, et celle de se lancer dans une aventure vouée à l’échec, car elle
combine une revendication linguistique et une prétention à… rétablir le
christianisme, ce qui les condamne à être isolés même parmi les berbérophones
qui sont comme leurs compatriotes berbères arabophones trop attachés à l’islam
pour lâcher la proie pour l’ombre.
La tendance sous coloration
linguistique qui se manifesta en premier, fut celle des baathistes qui avaient
déclenché les hostilités en affichant leur mépris pour la langue berbère, le
dialecte kabyle en particulier. Je ne sais si ces baathistes agissaient
vraiment pour la langue arabe, ou s’ils ne cherchaient qu’à semer la zizanie,
leur seul objectif étant de miner la situation du pays. Ils étaient sous le
contrôle de chefs orientaux. Nous savons que Boumediene eut l’idée géniale,
dans son opportunisme de zélé antiberbère de réduire les horaires d’émission en
kabyle de la RTA. Incapable de penser en hauteur, Boumediene a toujours cru
pouvoir faire briller son étoile en éteignant les lumières des autres, à croire
que la langue arabe serait mieux défendue en interdisant les autres langues.
Pitoyable analyste, il vit dans la juste revendication berbère une menace pour
la langue arabe !!!!
Nous voyons aujourd’hui ce qu’il
en est devenu de la pseudo-politique de l’arabisation. Nous ne savons plus
quelle langue parler !
Les baathistes et certains
berbéristes avaient en commun de s’opposer à l’islam. Comme les communistes,
ils n’aimaient pas la religion, mais si vous
‘’roulez’’ pour le christianisme, les medias sauront trouver les mots
pour vous faire apprécier.
Les uns voulaient s’emparer du
pays pour le rattacher au train sans locomotive de l’arabisme, les autres
voulaient le détacher de ce train, pour l’attacher à une locomotive de l’autre
coté de la méditerranée.
Les wahhabites nous promettaient
un paradis où coulent les fleuves de pétrole saoudien parfumé par les experts
américains de l’islam.
Comme les baathistes, certains
berbéristes se bercent dans l’illusion qu’ils pourraient résoudre tous les
problèmes du pays s’ils parvenaient à éradiquer l’islam, à faire tourner le dos
du peuple algérien à l’islam. A les écouter, le peuple berbère serait
automatiquement amené à reprendre la religion chrétienne. Omettant de préciser
que le catholicisme avait déjà été rejeté bien avant l’époque d’Augustin par
d’autres prêtres berbères sur lesquels on ne souffle mot et qui avaient pour
noms Donat et Arius. Augustin qui vivait dans un empire romain ayant déjà
reconnu le christianisme, avait déjà pris position pour l’empire romain et
songeait déjà à en faire un instrument pour la revanche en prônant la
persécution des chrétiens qui ne se pliaient pas à l’orthodoxie impériale.
C’est l’ancêtre de nos wahhabites, en mieux quand même car sa culture fut
immense.
Il y a toujours eu une jalousie
chez certains chrétiens vis-à-vis de l’islam. Notre religion n’a jamais fait
l’objet d’un rejet massif, comme celui vécu par l’Eglise lors de la Révolution
Française, qui fut résolument une révolution antichrétienne. Bien au contraire,
par le passé comme aujourd’hui encore, c’est au nom de l’islam que nous faisons
nos révolutions, que nous soulevons contre les tyrannies. L’islam étant une
religion centrée sur les croyants, il fait de chacun de ces derniers un prêtre
et un missionnaire plus ou moins compétent.
Ces deux groupes, formés par les intégristes par défaut que sont les ‘’athées’’
berbéristes et baathistes, ne voient pas que leur solution n’est guère
différente de celle des wahhabites, les intégristes par excès, qui pratiquent
aussi une fuite en avant, vers un extrême qui est un islam qui commande
de fermer les yeux sur les turpitudes des rois et autres dictateurs quels
qu’ils soient, alors que le baathiste, le communiste ou le berbériste névrosé
(à distinguer du berbériste qui revendique à bon droit la berbérité
linguistique, car il est chez lui) fuient vers l’autre extrême, la négation
pure et simple de l’islam, au nom d’une cause qui ne dit pas son nom, mais que
chacun devine aisément.
Le pays est frappé de délire.
C’est la grande fitna, new age. L’idée que la solution est dans la fuite a fait
son chemin et s’impose aux esprits faibles.
‘’Si vous tenez à votre islam, on
vous rendra la vie dure’’ !
Si la désertion peut être une
solution risquée mais fiable pour des individus qui se laissent dissoudre et
fondre dans une autre société (l’islam est-il soluble dans la
République ?, s’interroge-t-on en France), elle ne saurait être le remède
pour une société toute entière. Elle est un suicide, plus qu’une solution, sauf
à prendre ce mot au sens chimique.
On ne peut garder sa dignité
entière qu’en faisant face au problème, en le traitant de façon sérieuse. Oui, on
peut critiquer les Arabes d’aujourd’hui, et personne ne s’en prive d’ailleurs,
y compris les Arabes eux-mêmes. On peut critiquer le mauvais comportement des
Arabes qui sont venus nous prêcher l’islam au 7ème siècle, et qui
avaient plutôt cédé à la tentation du pillage et de l’assassinat. Oui, ils ont
commis des crimes gravissimes. Mais cela n’a rien à voir avec l’islam. Il
relève de l’histoire et les berbères eux-mêmes avaient su dépasser cette faiblesse
en réalisant comme d’autres peuples nouvellement convertis que les
missionnaires Arabes qui arrivaient en conquérants faisaient partie de la
deuxième génération de musulmans, de celle qui avait, hélas, déjà cédé à la
tentation du pouvoir. Comme quoi le mal remonte à très loin. Ils ont contaminé
les nouveaux musulmans.
Mais nous avons quand même pu
recevoir la véritable version de cette grande religion par d’autres témoins,
car les divergences avaient fini par éclater au grand jour.
Oui les arabes d’aujourd’hui ne pèsent
pas grand-chose dans la décision mondiale. Ils sont les premiers à s’en
plaindre. Certes. Mais valons-nous mieux ?
Le remède à ce malaise n’est certainement
pas dans l’abandon de l’islam. Si cela était le cas, nous n’aurions pas assisté
à la formidable progression de l’islam, sans nous, marchant tout seul, lumière
divine sur la terre se répandant par sa seule force intrinsèque et inhérente.
Quand un des nôtres quitte l’islam (ce qui est beaucoup), il y en a 10 qui le
rejoignent, grâce à Dieu.
L’islam est si authentique par sa
vérité intérieure qu’il n’a rien à gagner de notre adhésion ni à perdre de
notre désertion. Par contre, nous perdrions tout en l’abandonnant, et nous
gagnerons tout en lui restant fidèles.
Il inflige une vengeance implacable
à quiconque lui tourne le dos après l’avoir connu et bénéficié de sa ni’ma.
«وَمَنْ أَعْرَضَ عَن ذِكْرِي فَإِنَّ لَهُ
مَعِيشَةً ضَنكًا وَنَحْشُرُهُ يَوْمَ الْقِيَامَةِ أَعْمَىٰ »
‘’Et quiconque se détourne de Mon
Rappel, connaîtra certes, une vie d’étroitesse, et Nous le rassemblerons au
Jour de la résurrection, aveugle’’ (sourate TaHa, verset 124)
Cette vengeance ne procède pas de
la méchanceté de Dieu, mais de la propre méchanceté, de l’ingratitude des
nôtres.
Ce n’est pas pour son ‘’terrorisme’’
que les occidentaux en veulent à l’islam, c’est en tant qu’il est concurrence
sérieuse contre le christianisme et les autres idéologies dont il révèle
faiblesses.
De même, ce n’est pas par excès
d’attachement à l’islam que nous sommes dans notre état actuel. Bien au
contraire, c’est par le refus de nos dirigeants de nous laisser le vivre
librement, et leur volonté obstinée de nous en imposer une version soft
conforme aux desiderata de leurs maîtres étrangers.
Ces dernières 60 années
d’indépendance formelle nous enseignent que c’est la force de notre foi qui
fait peur aussi bien aux anciens colonialistes qu’à leurs agents intérieurs
demeurés colonisables jusqu’à la moelle. Toutes ces années de jeu de combines
ont établi la vérité irréfutable que c’est à l’islam que l’on veut à travers
les coups tordus commis contre notre peuple.
Le terrorisme a été généré
artificiellement par les occidentaux pour se donner et donner à leurs vassaux
arabes un prétexte pour envenimer leur haine contre l’islam, et discréditer les musulmans en les faisant passer pour des demeurés
génétiques. Au passage, ils affaibliraient les rangs des croyants
véritables qui savent pertinemment que notre religion n’autorise aucune guerre
offensive, ni aucun terrorisme contre des innocents, et ne permet que le combat
défensif, comme celui mené contre les envahisseurs d’une terre musulmane, comme
ce fut le cas durant notre guerre de libération.
Pour tous ceux qui ont jusqu’ici
gardé la foi dans leurs cœurs comme on porte des braises à mains nues, ce n’est
certainement pas le moment de renoncer, de déserter. Le secours divin est
proche. InshaAllah !
Abû al-‘Atâhiya
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