Anisunas

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Saturday, May 19, 2012

AUX ORIGINES DE LA SHU'ÛBIYA



La revendication shu'ubite a ses origines dans la première phase qui suivit la disparition du Prophète. Rappelons que ce terme de shu'ûbiya, désigne un mouvement résilient plus ou moins structuré, de résistance à la domination politique arabe, dans certaines régions musulmanes, notamment la Perse et le Maghreb-Andalousie. Le terme shu'ûb est le pluriel de sha'b, et signifie peuples en langue arabe. Dans le verset coranique 49:13, le terme est employé avant celui de qabâ'il (pluriel de qabîla), tribu, sans doute pour situer une gradation décroissante dans le niveau de structuration. Les Arabes étaient organisés en tribus, alors que ceux qui sont désignés comme peuples sont des civilisés.
En se réunissant dans le lieu dit « Saqîfa des banû Sa‘d », le jour même de la disparition du Prophète (S) à Médine, les chefs de tribus Arabes ont posé le problème de sa succession en termes de parenté. Ils ont retenu, politiquement parlant, le principe que l’autorité doit revenir à (un homme de la tribu de) Qoraysh. Ils ne se doutaient pas que la communauté musulmane allait bientôt englober des peuples non-Arabes en si grand nombre avec des frontières bien  loin de Médine, aux confins de la Chine et de l’Europe.
Ce principe de parenté tribale adopté par les Arabes, occultait et écartait la réalité qu’au sein de Qoraysh, le clan des Banû Hâshim, celui du Prophète, était le mieux placé en toute légitimité pour être le cœur de Qoraysh ; cette position sera celle défendue par les partisans de l’Imam Ali. Et s’opposera aussi plus tard  à ce principe du primat de Qoraysh, le principe prôné par les Kharidjites, de l’élection démocratique ouvrant la voie à toute entité ethnique, n’accordant aucune validité au critère de l’appartenance à Qoraysh.
Cette ambition des Qorayshites, détournée vite au profit du clan des Banû Umaya (Omeyyades) est illustrée par quelques anecdotes rapportées par la tradition. Nous en mentionnons une rapportée par Ibn Kathîr dans al-Bidâya wal-Nihâya.
Le jour de l’entrée des armées du Prophète à Mecque, abû Sofyân, encore le chef des Mecquois observait de loin avec son ami al-Abbâs, l’oncle du Prophète, qui avait dissimulé sa foi pour rester à la Mecque, l’approche de l’armée prophétique. Les armures de cuivre que portaient les soldats de l’islam, projetaient des lumières de couleur verte en reflétant le soleil, couleur sans doute due au sulfate de cuivre donnant une coloration verte. Voyant la grande armée en mouvement, Abû Sofyân se tourna vers al-Abbâs et lui dit, admiratif:
- Quelle grande royauté a obtenue ton neveu !
- Malheur à toi, lui répondit al-Abbâs, il ne s’agit pas de royauté, mais de prophétie !
Jusqu’à la dernière minute où il perdra tout pouvoir à la Mecque, l’esprit récalcitrant de l’Omeyyade se refusait encore à voir là la réalisation d’un miracle de Dieu qui fait triompher Son Prophète. Il ne voyait que la promesse mondaine d’une telle puissance…
Notons aussi que le Prophète a conclu son discours du Pèlerinage d’adieu en ses termes :
« Il se peut qu’un homme qui reçoit mon message par ouï-dire en saisisse mieux le sens que celui qui le lui aura transmis en l’ayant entendu de moi-même. ». Cela induit que la compréhension du message prophétique n’est pas un apanage des Arabes. Ce sera d’ailleurs essentiellement le monde persan, turc ou berbère, qui développera les sciences et doctrines islamiques.
Et il a dit aussi :
« Il n’y a pas d’autre critère de distinction entre un arabe et un non-arabe que celui de la foi »
Cela fait écho au verset mentionné au début, de la sourate 49:13
« Humains, Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle. Si Nous avons fait de vous des peuples et des tribus, c’est en vue de votre connaissance mutuelle. Le plus digne au regard de Dieu, c’est celui qui se prémunit davantage. – Dieu est Connaissant, Informé. » On y apprend aussi que se connaître mutuellement est aussi le but de la diversité des formes sociales créées par Dieu et que le racisme est radicalement exclu.
Chez les Arabes, la prophétie  triomphante allait susciter des espérances, des ambitions politiques énormes. Les Arabes qui jusque là ne rêvaient tout au plus que d’une victoire sur leur voisin immédiat, et dont les poètes chantaient les exploits de la petite escarmouche locale, n’imaginaient pas avoir un jour le pouvoir d’assumer d’aussi grands défis comme la conquête de l’espace de l’empire romain de Byzance (Rûm) ou de la Perse.
De surcroit, ils avaient pour le moins une mauvaise presse en ce temps-là. Ils avaient la réputation d’incultes (al-umiyyûn), chose dont se fait également le relai la Bible. Dans le terme d’inculte, il y a une signification positive qui indique, qu’il s’agit d’une population « en friche », sans préjugés négatifs, prête à accomplir une action sans hésitation, car la nostalgie de la gloire passée est souvent un frein à la gloire future, comme on le voit en ce moment.
« Lui qui a envoyé au sein des incultes un Envoyé des leurs pour leur réciter Ses signes, les purifier, leur enseigner l’Ecrit et la sagesse, bien que naguère ils fussent dans un égarement flagrant, ainsi qu’à d’autres de même sorte, qui ne les ont pas encore rejoints. Il est le Tout-Puissant, le Sage. » (Sourate 62, verset 2 et 3)
Le terme ummî est ainsi compris généralement comme signifiant analphabète, illettré, ne sachant ni lire ni écrire. Mais certains versets imposent de donner à ce mot un sens spécial au regard du contexte. Il s’agit de l’ignorance non pas des lettres de l’alphabet et  de l’art d’écrire, mais de l’absence au sein de la société, de ce qui fait la culture par excellence, à savoir une Écriture révélée. Le terme ummî doit alors être traduit par Gentil, c'est-à-dire une personne ou un peuple n’ayant pas reçu de révélation divine. Dans les versets précédents, il est question des ummiyûn arabes, et d’autres ummiyûn « qui ne les ont pas encore rejoints », et qui seraient sans doute, les autres peuples qui embrasseront l’islam, et qui étaient eux aussi des peuples n’ayant pas été appelés auparavant par un prophète à une révélation divine.
Il semble que le premier sens, celui d’incultes, soit par la suite réservé aux seuls bédouins,al-A’râb.
L’ambition politique universelle avait été créée, révélée au grand jour et amplifiée quand voyant les succès du Prophète, l’Arabe se mit à croire en la possibilité d’un rôle historique ouvert enfin à lui. L’homme est totalement transfiguré par la nouvelle religion, de nouvelles perspectives pointent à son horizon. Il doit subir une adaptation à ce nouveau rôle d’agent de l’histoire auquel il n’était pas préparé. Il allait mettre les pieds dans la civilisation, et son noviciat en la matière sera longtemps visible et repérable à ses manières de bédouin.
La force de l’Islam consiste en ce que, bon gré mal gré, les Arabes, motivés par la foi ou appâtés par les conquêtes, vont servir d’abeilles pour disséminer le message coranique et prophétique dans toutes les régions du monde. En cherchant à plaire à Dieu, à satisfaire leur égo, ou à prendre leur revanche sur la longue hibernation millénaire qui les avait mis littéralement en marge de l’histoire, les Arabes vont enfin avoir le beau rôle. Dieu atteint Ses buts même par la voie détournée de la tentation mondaine, de la volonté de puissance.
N’ayant pas de passé de gloire militaire, ils vont vite quitter Médine, et choisir Damas pour sa position stratégique, loin de leur berceau du Hedjaz, pour pouvoir prendre aisément leur distance à l’égard des principes prophétiques, et se comporter comme tous les grands empires, car désormais, ce ne sera plus le califat (khilâfah), mais la royauté héréditaire qui sera la règle. La rupture est consommée entre religion et Etat.
Transformé en empire, l’Islam fera face aux situations que crée  tout empire, gérer les revendications des différentes populations et ethnies qui le composent, parfois en corrompant, d’autres fois en menaçant et en réprimant.
Lorsque la puissance devient une fin en soi, la société perd vite son repère initial. L’islam n’est pas une religion qui fait la promesse d’une terre, d’une grandeur historique, même si toute civilisation induit un certain confort matériel. Sa « promesse majeure » (Bennabi) se situe dans l’au-delà, et s’obtient par l’amour pour Dieu : « ashaddu hubban li-Llâh ». Dès que l’on met l’intérêt d’ici-bas au premier plan, on s’écarte de la voie de l’islam. On sait que c’était pour lui éviter cela que les musulmans d’Egypte, conduits par Muhammad ibn abî Bakr, se rendirent à Médine auprès du calife d’alors pour le prévenir de cesser de désigner trop de gens du clan des Banu Umayya à des postes de direction pour lesquels ils n’avaient aucune compétence. Une revendication shu'ubite dirigée et soutenue par des Arabes, de surcroît par le fils du premier calife !
La contestation shu'ubite portera non pas sur le rejet de l’islam, mais sur la prétention des omeyyades puis des abbassides à exercer exclusivement le pouvoir politique, à diriger l’islam. Il ne s’agit pas de la contestation du type de la résistance à une occupation coloniale, mais de l’usurpation du pouvoir et de son détournement à des fins qui sont impériales et non pas religieuses. Les Arabes ne sont concernés et visés, que parce que participant au pouvoir, ils étaient la minorité régnante, celle sur laquelle s’appuyait ledit pouvoir. Que Dieu me garde d’affirmer que les Arabes furent tous intrinsèquement impliqués dans les errements de l’empire.
C’est cet état de fait qui va engendrer chez les peuples persans, les berbères et autres, des réactions anti-arabistes que l’on a appelé la shu'ûbiya. Il s’agissait le plus souvent de revendications de peuples sincèrement convertis, qui ont été informés des conditions dans lesquelles l’islam leur est parvenu. Ils savaient qu’avant d’arriver chez eux, les musulmans arabes s’étaient entredéchirés à la bataille de Siffin qui porta un coup grave à l’unité des rangs de l’islam. Ils faisaient nécessairement une distinction entre le message de la nouvelle religion et les comportements de certains de ses transmetteurs.
Être arabe ne signifie pas nécessairement être un bon musulman. Les nouveaux peuples lisent le Coran même que les Arabes leur ont apporté. En outre, ils sont le plus souvent des peuples plus avancés dans la civilisation, ayant une certaine expérience de la gestion des affaires humaines.
Et puis après tout, le message divin est destiné à ceux qui le comprennent.
C’est comme si les musulmans non-arabes faisaient écho à la querelle qui eut lieu dans la Saqîfa des banû Sa’d. Les Banu Umayya ont obtenu par la ruse ce que l’on avait refusé à la Famille du Prophète (ahl al-Bayt).
Une contestation idéologique va voir le jour fondée tout d’abord sur les adhésions aux thèses alides et kharidjites. Ces deux doctrines ont en commun de pratiquer un islam ouvert à tous. En faisant cause commune avec ces derniers, les non-Arabes avaient la possibilité de se donner un rôle dans la confection de leur avenir, de s’impliquer dans les décisions. Car les kharidjites et les chiites présentaient l’avantage de ne pas avoir d’autre secours, d’autre force en réserve que celle que leur apporte les autochtones qui les accueillent. C’était donc un risque partagé.
La faveur de l’islam a été une grâce divine. Et l’on ne doit pas s’en prévaloir pour des avantages dans ce monde.
 « Ils te font comme une faveur de s’être soumis. Dis : plutôt c’est Dieu qui vous en ferait une de vous avoir guidés à la foi, si vous êtes véridiques » (49 :17)
Tous les prophètes ont été trahis par une partie plus ou moins grande de leurs partisans. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner que parmi les Arabes, il y eut aussi des traitres envers le Prophète qui leur a été destiné. Tout le monde est mis à l’épreuve.
Le Coran confirme l’inégalité des contemporains du Prophète devant la foi : « Il en est parmi vous qui optent pour ce monde, et d’autres qui optent pour la vie dernière… » (Sourate 3 : 152) De même, il consacre plusieurs versets aux hypocrites qui se trouvaient dans les rangs de l’islam et qui attendaient leur heure pour agir.
La contestation est plus politique que culturelle ou linguistique. C’est pourquoi, nous pensons qu’il y eut aussi manipulation de la part des régimes, qui ont tout fait pour présenter lashu'ubiya, comme un mouvement essentiellement anti-arabe, alors qu’il s’agissait bien d’un mouvement anti-déviationniste, pro-islamique. Beaucoup de non-Arabes rédigeaient leurs textes en langue arabe pour défendre ou faire connaitre leur sentiment shu'ûbite, de façon allusive comme le célèbre vers de Mahyâr al-Daylamî (qui vécut au 4ème  siècle de l’hégire), zoroastrien converti à l’islam. Il y affiche sa fierté d’avoir concilié sa noble ascendance persane et son adhésion à « la religion des Arabes (1)  ».
قَد قبستُ المَجدَ مِن خَيرِ أبٍ ** وقبستُ الدِّين مِن خَيرِ نَبِي
وَضَمَمْتُ الفخرَ مِن أطرافِهِ ** سُؤدَد الفُرس وَدِين العَرَبِ
Plusieurs faits témoignent de ce que la contestation ne concernait que les abus politiques. A titre d’exemple, mentionnons que les Fatimides furent un pouvoir arabe appuyé uniquement sur une asabiya (2)  berbère qui leur fut des plus loyales malgré l'élimination de son chef en Egypte.
Pour freiner la revendication des non-Arabes, la pensée unique, la pensée politique omeyyade puis abbasside dominante, ont recouru à l’accusation de déviation. On entretenait la confusion entretenue par tous les moyens entre Arabes et islam. On risquait gros à exprimer son opinion anti-arabe, car cela pouvait être perçu comme une critique de l’islam. Cela décourageait le fidèle scrupuleux de ne pas dépasser les limites fixées par la conscience religieuse aux débats en la matière. D’autres avaient simplement peur des poursuites de la police politique. Mais un homme comme Koceyla (RA), le chef musulman berbère, n’hésita pas à s’attaquer aux troupes omeyyades commandées par Oqba ibn Nâfi’, sous les ordres duquel il combattit quelque temps, avant de se retourner contre lui quand il mesura à quel point cet homme s’écartait ostensiblement des règles du Jihad et servait plus les omeyyades que Dieu. On peut se reporter au récit d’Ibn Khaldun à ce sujet.
Les Berbères s’étaient sincèrement convertis à la nouvelle religion, et ils n’allaient pas se laisser manipuler par un homme aux visées manifestement de type colonial. Il y avait bien chez les Omeyyades une tentation de forcer les peuples conquis à admettre leur supériorité intrinsèque. Cela est incontestable. Cette shu'ubiya ne répondait en fait qu’à la propreshu'ubiya des Arabes, dont on retrouvera une résurgence au 20ème  siècle avec la création du parti Baath pour qui c’est le génie arabe qui a créé l’islam, et non l’inverse. Si cela a été dit au 20ème siècle, le sentiment sur lequel il se fonde existe depuis toujours.
Pourtant l’histoire confirme bien que le rôle des Arabes dans l’islam a été beaucoup moindre comparé à l’apport des autres peuples non arabes. L’expression « civilisation arabo-musulmane » forgée par l’orientalisme a suscité pas mal de confusion dans les esprits. Il serait plus juste aujourd’hui de parler de civilisation musulmane tout simplement, comme le fait Malek Bennabi.
Encore que la langue persane a produit une littérature islamique considérable qui est méconnue de ceux qui, par chauvinisme, continuent de penser que seule la langue arabe doit servir dans la défense et l’illustration de l’islam. Ils feraient bien de lire les nombreux ouvrages réalisés par les savants occidentaux et qui nous apprennent sur l’islam bien plus que les discours de nos enturbannés actuels. En outre, et plus important, l’édition des manuscrits, longtemps restés méconnus a fait des progrès tels que si les « ulémas » du 20ème siècle étaient ressuscités, ils seraient surpris de constater que tant de savoir des anciens leur avait échappé. Les travaux des auteurs occidentaux consacrés à l’islam sont d’une valeur telle que les ulémas d’al-Azhar, de Qom, d’al-Qarawyin, et de Médine (s’il y en a) seraient bien inspirés de se mettre à l’étude des langues occidentales s’ils souhaitent parfaire leur connaissance de l’islam.
Ajoutons aussi pour la vérité historique que la langue arabe s’est propagée grâce à l’adhésion des nouveaux convertis et ce par amour pour le Coran. Cependant, la langue arabe n’a pas été plus dévastatrice des langues locales que le latin en Europe. Il ne reste plus de gaulois en France, ni en Espagne ni au Portugal. Et le latin a disparu même dans sa patrie, remplacé par une langue dérivée. L’arabe n’a pas éliminé le persan ; le berbère a quand même résisté.
En devenant musulmans, les berbères ont adopté l’arabe, mais ils n’avaient pas renoncé à leur langue. Ils ont relativement mieux résisté que les Gaulois qui en se faisant Chrétiens ont abandonné le celte. Le latin, langue des prêtres chrétiens ne tolérait pas d’autre langue, surtout pas le gaulois, langue des druides. Cela a entrainé sa mort.
Ce sont les Français qui ont asséné le coup de grâce au berbère. Jusqu’en 1830, on pouvait parler berbère d’une extrémité du Maghreb à l’autre sans solution de continuité, comme disent les archéologues. La France a éliminé le berbère des plaines, et l’a réduit aux montagnes, alors qu’autour de l’Emir Abdelkader les poches de tribus berbérophones étaient encore nombreuses. Nous apprenons que les combattants berbères galvanisés par leur amour du Prophète (S) portaient un étendard jaune, couleur chatoyante de la femme kabyle. Le chanteur Idir rappelle cela dans le refrain : a-ya zwâw su-mandîl awrâgh ! O combattant de la tribu des izawawen (igawawen) au fanion jaune !

La politique irresponsable franchement anti-kabyle des débuts de l’indépendance a aussi nui à la richesse linguistique nationale. Pensez qu’en Iran, chaque « minorité » a toujours possédé sa presse, ses radios, ses TV…, sous tous les régimes. Cela n’a pas nui à l’unité nationale.
Je dis à certains berbéristes : Pourquoi tenez vous l’islam pour le responsable de l’arabisation et ne vous plaignez-vous pas de la francisation qui a porté préjudice aussi bien à l’arabe qu’au berbère ? Y-aurait-il honte à accepter l’arabe, langue de l’islam, et n’y en aurait-il pas à se latiniser, à prendre la langue non des chrétiens, mais des Romains, qui avaient martyrisé les premiers chrétiens, y compris les berbères ?
L’œuvre d’Ibn Khaldûn le grand historien et sociologue musulman, nous apprend que les Arabes étaient déjà largement discrédités et contestés. Leur nature bédouine, hostile à la civilisation leur a collé à la peau, au point qu’Ibn Khaldun qui écrit en arabe, parle d’eux en les comparant à des hordes envahissantes de criquets ne laissant que la désolation sur leur passage.
Quoiqu’il en soit, la domination politique arabe, va marquer du recul dès le 10ème siècle, parce que la puissance musulmane reposera désormais énormément sur les combattants non-arabes, et devra faire face à des menaces grandissantes nécessitant le partage du pouvoir avec les forces militaires non-arabes récemment converties à l’islam, comme les Turcs Seldjoukides. Peu à peu, le califat de Baghdad ne sera plus qu’une fonction protocolaire, la réalité du pouvoir revenant aux Ghaznavides et aux Seldjoukides et aux autres dynastes.
Aujourd’hui le rôle des Arabes dans l’islam n’est plus indispensable. D’ailleurs, les initiatives pro-islamiques sont pour la plupart prises en dehors du monde arabe proprement dit. C’est en persan, en pashtoun, turc et urdu que s’écrit le plus le destin de l’islam.
La shu'ûbiya si on peut encore la nommer ainsi, consisterait à revendiquer sans animosité, et dans la bonne humeur, pour les siens, – sa communauté culturelle propre – une protection juridique fondée sur la démocratie islamique. Il est triste par exemple de constater l’influence grandissante de la chanson orientale égyptienne dans le chant marocain. Les appels du muezzin sont « normalisés » à l’égyptienne, et on entend de moins en moins les accents berbères si beaux s’élever de nos minarets. Les artistes marocains sont en train de perdre peu à peu leur bel accent berbère (même quand ils chantent en arabe) et de le remplacer par l’intonation soporifique du chant égyptien.
On peut aussi regretter que le nom même de notre pays, Dzayer ait été corrompu par l’oreille arabe qui en a fait al-Jazâ'ir, nom que rien ne justifie, il n’y a aucune ile dans le coin encore moins des îles. N’ayant pas le son « dz », les arabes ont naturellement préféré le transcrire par la lettre jim. La lettre jîm qu’ils ont systématiquement mise en remplacement du Guim qu’ils n’ont pas, le berbère prononçant guim comme les égyptiens (ces derniers auraient été sous influence berbère). Nous ne disons pas al-jezzâr, mais a-guezzar, nous ne disons pas al-jazira, mais tigzirt, et nous ne disons pas mesjid, mais tha-mesguida qui a d’ailleurs donné en Espagne la mezquita, etc.
En ce qui concerne al-Jazâ'ir, il semble évident que le nom vient d’une déformation du nom de la dynastie berbère des Zirides, que l’on prononçait Dziri ou Dzayri, comme on le fait encore de nos jours. Il n’y a que les lettrés arabes qui parlent d’al-jazâ'iri; le peuple, lui, dit encore dzayri. Ibn Khaldûn qui ne voit pas l’erreur parle aussi des jazâ'ir banu mazghenna, sans se douter qu’il s’agit des « zirides des imazighan », imazighan étant une confédération de tribus, la plus célèbre semble-t-il, qui a d’ailleurs donné son nom à toute l’amazighité.
Ziri est un prénom berbère qui signifie Clair-de-lune. On pourrait dire autant pour le persan, à commencer par la lettre P qui n’existe pas en arabe, et que ces derniers remplacent par la lettre F. Pârsî devient farsi. Ces remarques ne constituent en rien une critique de qui que ce soit. Il faut seulement espérer que les musulmans ajoutent quelques lettres à leurs claviers, s’ils souhaitent communiquer entre eux.
Les Arabes n’ont plus de fait le pouvoir sur le monde musulman. Ils sont à peine considérés quand ils affirment ou affichent leur fierté d’être musulmans. A l’heure de la mondialisation, rien ne permet de penser qu’ils puissent reprendre leur statut d’antan, demeurant prisonniers de leur schéma politique et psychologique fondé sur la tribu et entravés par un wahabbisme stérilisant. Ils ont perdu le sens de l’intérêt supérieur d’un peuple. Ce qui est constatable aisément au vu de la façon dont ils (di-)gèrent les milliards que leur rapporte la manne pétrolière. Dépense généreuse en faveur des Occidentaux et avarice extrême envers des pays comme la Syrie ou l’Egypte qui ont tant besoin de ressources financières pour assurer leur relève au profit… des Arabes. C’est leur façon de pratiquer la shu'ûbiyya à rebours : acheter des droits, de la reconnaissance, avec l’argent du pétrole. N’ayant pas de grandeur, ils s’imaginent pouvoir l’acheter !
Au siècle dernier, quand ils se sont cru tout prêts de recouvrer leur dignité, les Arabes sont montés sur leurs chameaux, et ont entrepris de se « libérer » des Turcs Ottomans, sous la houlette d’un agent anglais, Laurence d’Arabie, frappant dans le dos des soldats turcs musulmans, massacrant des blessés de guerre dans les hôpitaux de Damas…, préparant le terrain à l’occupation de la Palestine, comme ils le font aujourd’hui encore en se mobilisant contre leurs propres frères syriens, au profit…
Je me demande ce que font encore les pays maghrébins au sein de « la Ligue Arabe ». Ne leur suffit-il pas de gérer leurs affaires maghrébines et de participer à la Conférence islamique ?
Quoiqu’il en soit, le musulman non-arabe ou arabophone, gardant un amour illimité pour le Prophète (S) ne transgressera jamais la limite permise par la Loi divine pour parler en mal d’un peuple musulman quel qu’il soit. Surtout quand il entend chanter, comme moi en ce moment, un beau madîh du Prophète (S), comme seul on peut en entendre au Maghreb.
Kul nûr min nûr al-hâchemi k’mal…
Abû al-‘Atâhiya
29 mai 2012

Notes de renvoi :
(1) Dans les Rasâ’il ikhwân al-Safâ wa khullân al-wafâ’, (les épitres des frères de la pureté), on peut trouver l’expression "être arabe de religion" (al-arabiyyu al-dîn) pour dire musulman. Le poème de Mahyâr al-Daylami a été chanté par le célèbre Mohammad Abdelwahab.
(2) La ‘asabiya au sens d’Ibn Khaldoun est bien plus qu’un esprit de clan. C’est carrément le ciment qui unit un peuple et le pousse à s’organiser en vue de promouvoir  la civilisation.

Tuesday, May 08, 2012

Démocratie du nombre et démocratie du bien






En Algérie, la majorité de ceux qui veulent le bien pour leur pays sont opprimés par la minorité de ceux qui lui veulent du mal. Ou encore :
La minorité de ceux qui savent où réside le bien de leur pays est opprimée par la majorité de ceux qui sont ignorants, qui vivent dans l’illusion ou dans la trahison consciente et acceptée.
En Syrie, il y a une minorité alaouite et une majorité sunnite. C’est un simple point de vue basé sur une vision partisane. On ne sait pas en réalité si les termes de sunnites et de chiites sont réellement les critères valides de l’analyse. En ce moment, les chefs arabes  veulent venir au secours de la majorité ''opprimée'' par la minorité.
La ''majorité syrienne opprimée'' est soutenue par la majorité wahhabite qui à son tour opprime chez elle la minorité non-wahhabite.
Je ne suis pas fort en mathématiques pour calculer au bout de combien d'années la majorité aura une chance de se débarrasser de la minorité opprimante.
Je n’aime pas les rapports de force, ni me fier aux quantités.
Changeons de registre pour les rapports de dignité, les rapports de mérite. 
Et redisons en forçant un peu notre vocabulaire pour nous faire comprendre:
En Syrie, la courageuse minorité qui représente la vérité relative est en train d’opprimer la majorité amorphe composée d'agneaux qui rêvent de ressembler à leurs ‘’frères’’ sunnites saoudiens et qataris (qui ne ressemblent à rien eux-mêmes) afin de la rendre docile et de la remettre sur le droit chemin.
Si la majorité syrienne présumée composée d’égarés reçoit le soutien de l’autre majorité dont on est sûr au moins pour eux que ce sont de vrais débiles, il y aura une marée d’imbéciles qui feront faire aux Arabes un saut qualitatif, une évolution ultrarapide qui les fera passer de l’idiotie simple à une imbécilité complexe, irréversible. Car si la Syrie rejoint le cercle saoudo-qatarie, personne ne peut nous assurer qu’elle sera plus belle, qu’elle aura une meilleure apparence ? Qu’elle trouvera en eux un modèle à suivre ? En quoi cela la grandira-t-elle ? peut-être lui fera-t-on une place de choix dans le cénacle des traitres de premier rang.
Si c’est pour appliquer l’islam, comme les saoudiens l’appliquent, non merci. Nous préférons la séparation de la religion et de l’Etat. C’est d’ailleurs à cause du flou qui entourait son programme à ce sujet que le FIS n’a pas reçu l’adhésion de toutes les consciences algériennes aussi bien croyantes pratiquantes que laïques. Il y avait plus de menaces dans ce programme que de promesses. Ses dirigeants voulaient éradiquer les autres opinions, imposer leur point de vue qu’ils ont décidé qu’il était le point de vue de Dieu, et écarter tout autre point de vue. Bref, le FIS ne s’était pas engagé à respecter les autres opinions, même celles émanant des musulmans non-adhérents au FIS. En voulant représenter Dieu, ils ont carrément décidé de parler à Sa place (subhânahu). Ils ont été éradiqués et le problème a été résolu[1]. Personne pourtant ne leur souhaitait d’échouer. Mais la leçon a été tirée : Il faut se méfier de ceux qui veulent parler au nom de Dieu : c’est souvent d’eux-mêmes qu’ils parlent. Les Algériens ne sont pas des Arabes arabes, et ne se laissent pas conter.
Puisque nous sommes sûrs à présent que les Arabes n’ont plus de crédit, est-ce bien raisonnable de les laisser venir au secours de la ‘’majorité’’ syrienne qui a déjà tant de fois manifesté son inclination à suivre les traitres au temps de Hafez al-Assad et qui devrait être encouragée plutôt à faire l’effort de ressembler à quelque chose qui vaille la peine, qui soit digne de la grandeur passée du mythique Shâm. N’est-ce pas ? Que signifie en effet ressembler aux Saoudiens ? Qui aurait vraiment envie de ressembler à ces gens-là?
Disons donc ce qui est vrai :
La majorité des traitres arabes prétendument sunnites se sont ligués pour écraser la minorité des syriens qui sont ‘’alaouites’’. Du moins cherchent-ils à nous faire croire qu’ils le font pour cette raison.
On n’a jamais vu les Arabes se mobiliser avec autant de sérieux et d’ardeur pour une ‘’cause’’ arabe. On dirait bien qu’ils ont reçu des ordres de quelque part, pour se montrer si coopératifs, si solidaires, si appliqués, eux d’ordinaire si brouillons.
L’argument de la défense du sunnisme, dont les saoudiens se fichent pas mal comme de leur dernier keffieh, tombe donc à l’eau, ou plutôt dans la boue. Tout le monde comprend qu’il s’agit de forcer les alaouites, dont on sait qu’on ne pourra jamais se débarrasser d’eux, à rentrer dans les rangs définis par les USA. Si les alaouites devenaient pro-américains, ils redeviendraient ipso facto fréquentables et ‘’frères’’ des qataro-saoudiens…
On sait pourtant que toutes les civilisations ont commencé par des minorités hautement motivées et organisées puis qui ont su s'emparer des rênes du pouvoir pour ensuite assembler tous les éléments et les mettre en marche à l'unisson. La minorité prend des risques au grand bénéfice de la majorité. Mais si la majorité écrase dans l’œuf la minorité, comme cela arrive malheureusement, la majorité se ‘’magmatise’’ et coule à sa perte en suivant la pente sans aucun obstacle pour la stopper.
Pour le moment, on dirait en tout cas que les Arabes sont bien décidés à remonter sur leurs chameaux pour aller suivre, dans une autre chevauchée bouffonne, après moins d'un siècle, un autre espion anglais, un nouveau Lawrence d'Arabie, et aller rééditer le lâche exploit de leurs grand-pères, et lui offrir définitivement en cadeau non plus al-Qods mais le Hijâz.
Ce qui prouve bien où va leur préférence, c’est la position puérile de la ‘’dibloumassiya’’ Arabe, qui a décidé de fermer son ambassade au Caire, en signe de bouderie à l’égard des Egyptiens qui ont compris que leur révolution n’en sera une que s’ils la mènent à bout : chasser l’armée de ses privilèges, la mettre au service d’une politique digne. Nous avions parlé dans un précédent article de la ‘’Trahison des Frères’’ ; cette fois les égyptiens souhaitent décider eux-mêmes. Mais le premier prétexte venu a été saisi par la dibloumassia arabe pour menacer de suspendre son ‘’aide’’ à l’Egypte, aide dont on voit maintenant qu’elle était un poison qui leur était servi pour les maintenir dans la servitude plutôt qu’une aide fraternelle pour assurer leur développement économique et social.
D’une part, les saoudiens ont manqué la dernière occasion qui leur fut donnée de se comporter en hommes en mettant leurs sous pour une fois au service de la grandeur de l’Egypte qui est après tout la seule puissance arabophone respectable. D’autre part, les Egyptiens ont manqué de virilité pour envoyer tout le monde promener pour se concentrer sur le seul but qui vaille : assurer la victoire de la révolution, quitte à s’engager dans une guerre contre la Saoudite.
Or cette dernière n’a même pas le prétexte du chiisme dont elle se sert pour justifier son inimitié envers l’Iran. L’Egypte est sunnite. Mais les saoudiens se fichent pas mal du sunnisme, comme on l’a vu : ce qui les intéresse, c’est que l’Egypte se soumette au diktat que l’on sait, qu’elle reste humiliée dans le cercle honni des traitres de luxe.
D’une part, le chantage à l’argent, ce vil argent usurpé par les milliers de princes de la famille  royale, argent qui dévorera les entrailles de ceux qui n’en feront pas un bon usage.
De l’autre, l’Egypte, la pauvre et grande Egypte prise dans le dilemme shakespearien : être ou demeurer non-être, être par soi ou continuer à se nourrir de la mamelle américaine ?
Que de belles occasions manquées pour les peuples arabes ! En auront-ils encore dans l’avenir ? Nous serons les premiers à rendre hommage aux saoudiens si une seule fois, ils servaient l’Egypte sans aucune condition comme le ferait n’importe quel véritable serviteur de Dieu. L’Egypte peut prétendre à la grandeur, mais la Saoudie est trop arriérée, trop compromise pour mériter la confiance des masses musulmanes du monde Elle sauverait son honneur en se mettant au service de l’Egypte au lieu d’essayer de l’humilier. Elle gagnerait enfin respect et estime.
Il faut croire que les Arabes sont vraiment en train de chercher que la colère de Dieu les atteigne. Que Dieu nous garde ! Leurs crimes sont si nombreux qu'on ne sait plus s’ils sont en train de payer pour avoir trahi le Prophète et l’Imam Ali, pour avoir assassiné Hossein à Karbala, pour avoir massacré les premiers peuples non-arabes (berbères et persans) qui avaient opté pour le chiisme et refusé de suivre le pouvoir omeyyade.
Puisqu’ils n’ont que l’argent et aucune autre valeur, opposons-leur notre fierté à nous ! Opposons-leur notre nationalisme et disons-leur : Je suis fier d’être maghrébin, d’être berbère car ce sont les berbères qui ont porté l’islam jusqu’en Europe, je suis fier d’être persan, car ce sont les iraniens qui ont construit l’islam, aussi bien sunnite que chiite, comme l’écrit Ibn Khaldun[2]. Je suis fier d’être un Turc, car ce sont les turcs qui ont protégé notre sommeil et nos frontières pendant la longue nuit de la décadence. Je suis fier d’être Egyptien, car l’Egypte a un passé beaucoup plus considérable que les Arabes réputés incultes pour tous les peuples d’avant l’islam et qui le sont redevenus par ingratitude envers Dieu. Je suis fier d’être Syrien, car la Syrie fut le berceau de l’écriture et de la civilisation assyrienne et phénicienne et une grandeur telle que les Omeyyades ont vu l’intérêt qu’il y avait à prendre Damas pour capitale. L’islam est beaucoup mieux représenté dès les débuts de l’islam, par les peuples non-Arabes que par les Arabes qui se croient dispensés de faire davantage d’effort. Cela l’est encore plus vrai aujourd’hui.
Nous aurions pourtant bien aimé avoir des guides Arabes ; des guides éclairés et éclairants.
Nous sommes fiers d’être des musulmans aimant la langue arabe parce que c’est la langue du Coran, mais nous ne confondons pas arabisme avec islam. Nous rappelons nos origines pas par un nationalisme idéologique chauvin, mais pour manifester que nous ne sommes pas sans savoir que notre passé est aussi fait de grandeur, que nous avons donné en sacrifice des millions de nos enfants pour libérer notre pays de cet Occident devant lequel s’agenouillent aujourd’hui les émirs arabes qui ne comprennent rien à la lutte idéologique ni au choc des civilisations. Il fut un temps où les Arabes reprochaient aux maghrébins d’être sous l’influence de la culture française. Ils prouvent aujourd’hui qu’ils ne sont pas seulement colonisables, mais qu’ils sont en train d’importer les colons à leurs frais. Le temps n’est pas loin, où l’on placera devant les hôtels de Dubai, d’Abû Dhabi et de Jeddah, un écriteau disant : « Interdit aux Arabes ! ». D’ores et déjà, les inscriptions en arabe se font de plus en plus rares.
Il n’y a aucune raison pour nous de chercher notre exemple dans ce que font les Arabes d’Arabie. Nous avons nos héros, nos guerriers, nos maitres à penser beaucoup plus savants que les pauvres crétins qui servent de faqih à la Saoudite !
Au Maghreb, on parle un meilleur arabe qu’à Médine.
Le Prophète a dit : ‘’Malheur aux Arabes car la catastrophe se rapproche d’eux !’’ (waylun lil-Arab min sharrîn qad iqtarab !)
Que les saoudiens gardent leur fric. L’idée ne doit pas être sacrifiée à l’idole. Notre aspiration à jouer un rôle dans la scène de l’histoire est plus forte que tous les milliards engrangés par la Saoudiyya. Nous n’allons pas souiller notre esprit en tendant la main à des ingrats.
Le pseudo-sunnisme des Arabes n’inspire que la nausée !!! Est-ce bien cela l’islam qu’a prêché le Prophète (S). C’est un sunnisme à pousser les jeunes musulmans à passer du côté des alaouites. Le modèle d’islam alaouite et chiite parait plus enthousiasmant que la sécheresse du discours wahabite.
Cela fait des siècles que les jeunes musulmans de tout bord attendent d’éprouver un moment de grandeur. On ne leur laisse que la barbe sans la rajla. Des barbus… émasculés… qui rêvent de sahâbas, sans en avoir jamais vu l’exemple chez leur contemporain. Le port de la abâya n’y supplée en rien.
Que vous inspire le saoudien ? La foi ? La générosité ? Plutôt la science, non, la civilisation ? Rien de tout cela: seulement l’avidité du millionnaire qui croit pouvoir tout acheter avec son fric.
On a longtemps parlé de wahhabisme sans l’avoir jamais vu. On nous a roulés dans la farine. Nous avons cru voir affaire à une doctrine; voici que l’on découvre qu’il s’agit d’un recueil de bêtises, œuvre qui a sans doute paru géniale aux contemporains abrutis de son auteur, et qui depuis est inoculée de père en fils. Je m’excuse de la dire mais les ‘’fuqaha’’ arabes, - j’en ai entendu certains s’exprimer sur les chaines de TV -, n’ont même pas le niveau de la première année de la Hawza de Qom ou de Najaf. Leur niveau d’intelligence est effarant. C’est à mourir de honte !
Il ne faut plus prendre au sérieux le wahabisme qui n’est que l’œuvre d’un ignare. J’ai feuilleté un jour le Kitâb al-Tawhid qu’un propagateur zélé, espérant mériter le paradis pour cela, avait inséré entre les exemplaires du Coran mis à la disposition des priants à la Mosquée de Paris fondée par les travailleurs nord-africains. J’ai été abasourdi par l’ignorance de ce ‘’fondateur’’ dont la ‘’pensée’’ ne pouvait en effet convenir que pour des esprits sclérosés, comme ceux des Arabes de la décadence. Œuvre d’une époque où ils étaient au creux de la vague de l’histoire, elle ne pouvait sentir que l’odeur de la décadence. Ce texte ne vaut même pas en contenu les premiers essais des premiers théologiens de l’islam. J’invite ceux qui en doutent à comparer les ‘’thèses’’ de Abdalwahhab avec celles des premiers penseurs de l’islam.
Puisqu’il est établi maintenant, après deux siècles de Nahdha stérile, que les Arabes sont tout simplement des incapables…Dépourvus de toute ghayra pour la religion du Prophète (S), ils sont aussi dépourvus de toute ghayra pour leur propre pays, leur propre nation, comme le ferait n’importe quel dirigeant normal du monde. Il faut cesser de parler d’islam avec eux. Descendants des tribus dont le Coran témoigne que ‘’la foi n’entrera pas dans leurs cœurs’’[3], descendants de la clique de Moawiyya et de Yazid, il faudra les traiter comme ils le méritent, et leur opposer tactiquement notre nationalisme. La Perse, l’Iran, l’Egypte, l’Afrique du Nord, la Syrie, l’Irak ont chacun plus de grandeur historique dans l’islam que tous les Arabes réunis…
Quant à la Mecque, on y voit malheureusement comment le goût architectural arabo-saoudien s’y est imposé pour laisser éclater sa médiocrité aux yeux du monde entier. Au lieu de raser les demeures alentour, de dégager la perspective pour rendre la Kaaba, le qalb al-wujûd, le cœur de l’existence, le seul édifice visible de loin pour les pèlerins, les décideurs saoudiens au goût horrible l’ont encerclée de buildings à l’américaine qui l’étouffent, comme si telle était l’intention réelle des architectes étrangers qui n’ont aucune raison de suggérer un meilleur plan, eux qui ne sont pas payés pour servir l’islam. Je ne crois pas que cette horreur sera pardonnée aux saoudiens.
Qu’ont fait les Arabes disons depuis un siècle à part céder à la tentation récurrente de la trahison ?
Le lecteur remarquera que je n’ai pas dit que le régime syrien était irréprochable. Il ressemble à la plupart des régimes actuels avec un plus : sa fermeté sur certains principes de politique internationale qui dérange d’ailleurs les financiers de la trahison. Si je ne le critique pas, c’est parce que cet article avait pour origine ‘’une colère d’Achille’’ suscitée par la coalition Arabes liguée contre la Syrie à ce moment de l’histoire au nom de la défense de la… démocratie (hâshâ al-sâm’în).
Si seulement la Syrie était débarrassée des derniers miasmes de la pourriture omeyyade ! Afin que soit lavé l’honneur de mes ancêtres berbères sincèrement convertis comme Koceyla (R) à la religion du Prophète (S) et que la soldatesque de leur agent alcoolique Okba ibn Nâfi’ a contraints à servir un royaume arabe.
Abû al-‘Atâhiya


[1] Le pays est toujours mal en point. L’impréparation du FIS suivie de sa mise à l’écart lui ont en réalité épargné l’échec devant le peuple. Ce qui est résolu c’est donc la menace que représentait le FIS pour lui-même et les citoyens algériens s’il était parvenu au pouvoir. Un mal commis par les corrompus est plus supportable que celui commis par des hommes bien intentionnés mais inexpérimentés.
[2] Dans sa Muqaddima, Ibn Khaldûn possède un chapitre intitulé : الفصل الثالث و الأربعون: في أن حملة العلم في الإسلام أكثرهم العجم  ‘’De ce que les savants de l’islam sont en majorité persans’’. Tous les musulmans reconnaissaient le mérite des iraniens et le service inestimable qu’ils rendirent à l’islam dans toutes les disciplines et les arts. Pour un temps donc, aux Arabes le pouvoir politique et aux non-Arabes le pouvoir intellectuel.
[3] Le Coran dit : « La semblance de ceux qui furent chargés de la Torah, mais qui n’en assument plus la charge, est celle de l’âne chargé de livres : malheureuse semblance d’un peuple qui dément les signes de Dieu ! Dieu ne dirige pas un peuple d’iniquité. » (Sourate 62 : 5). Que dire alors de ceux qui n’assument plus la charge du Coran ? « Ils sont encore plus égarés… ».